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20 septembre 2013
La traversée
Auteur // Mylène Paquette

HUBERTO – PREMIER CHAVIRAGE

jour 79

Le jour où j’ai renversé mon chocolat chaud…

Une information planait que la marée allait me laisser tranquille, l’océan se calmerait le temps d’une lecture et d’un bon chocolat chaud. Enfin, je pouvais m’installer dans mon sas, le seul endroit où je pouvais avoir les cuisses plus basses que les bras, c’est-à-dire, où je pouvais m’assoir presque normalement. Bien installée, je lisais mon livre préféré. À l’extérieur rageait la mer, les montagnes d’eau alignées les unes derrière les autres se secondaient et ne laissaient passer aucune goutte sans la pulvériser à quelques mètres plus loin. J’entendais le vent souffler. Je lisais calmement. Avant la nuit, toutes les précautions avaient été prises pour que ma carène puisse voir les astres de la veille. Hermel et moi étions prêts à toute éventualité. J’étais tellement habituée à tout prévoir en cas de chavirage et sans ne jamais chavirer que cette routine était maintenant effectuée sans l’ombre d’une émotion, tel un brossage de dents que l’on effectue sans penser au plombage d’une carie potentielle.

le plafond un peu trop près de mon nez...

Au milieu de ma lecture, une gorgée de chocolat chaud — encore plus savoureux parce que rationné — j’ai d’un coup aperçu mon plafond un peu trop près de mon nez, mes pieds se sont retrouvés dans le filet qui fait office de dépense, mes mains ne tenaient plus ma lecture et mon chocolat, mais cherchaient à me pousser contre la gravité pour reprendre ses sens. Ma tête, bien à l’abri dans son casque, était soudainement lourde et une sensation étrange s’empara d’elle comme si… tout était à l’envers !

Au moment où je reconnu être à la renverse dans le ventre de mon bateau, je crus nécessaire de revenir dans ma cabine principale et de traverser la portière en me déplaçant sur le plafond. Je sentis une douleur franche me traverser le côté gauche en traversant le col de ma porte, ma respiration était coupée. Concentrée à me déplacer sur le plafond capitonné de ma cabine, je tentais de me libérer de ce passage exigu qui sépare le sas de ma cabine, je sentais les boutons de mon panneau électrique et les bouchons rigides des fusibles sur mon dos. J’atterris sur mon lit humide, arrosé d’eau salée.

reprendre ses esprits

Je repris mes esprits en constatant les dégâts, mon logis était maintenant plus à l’envers qu’il ne l’aura jamais été à l’endroit ; mon lit mouillé, mes matelas renversés, de l’eau un peu partout dans ma cabine ; conséquence d’avoir cru bon ouvrir la ventilation. J’ai tout de suite cherché des yeux ma tasse de chocolat, heureuse de constater qu’elle en contenait toujours une bonne quantité, en savourant le réconfort d’une chaude gorgée, je souris en réalisant l’impondérable : maintenant j’étais une vraie rameuse d’océan !

Mylène Paquette

AUTRICE // Mylène Paquette

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