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14 août 2013
La traversée
Auteur // Mylène Paquette

GROSSES VAGUES

MP écume de mer

jour 39

J’étais pieds nus. Habillée jusqu’au cou de ma salopette, mon éternel bonnet rose et mon énorme ciré, seulement mes mains et mes pieds étaient exposés à l’eau salée. J’adore sentir le sable sur le pont sous la plante de mes pieds, j’aime marcher sur les écoutilles et sentir les petites poignées et leurs aspérités inconfortables. Je connais mon bateau par cœur, même par mes pieds. Rester pieds nus me permet de demeurer en contact avec lui et savoir exactement où je suis, sans voir, sans regarder, comme la géographie d’un village que l’on connaît par cœur.

C’était comme si je n’étais pas seule. Cela n’a duré qu’un bref moment, comme si quelqu’un m’avait touché l’épaule pour me dire de regarder. Avant même de lever les yeux, je me suis agrippée au garde-fou, c’est là que j’ai vu le mur avancer. Parallèle au bateau, la vague était beaucoup plus grande que moi, car j’avais l’impression de regarder au ciel. Droite, debout, j’ai pris mon souffle. Rien à faire, que penser. Tout s’est passé très lentement. J’ai vu la vague déferler dans mes rames attachées sur le côté et mon flanc tribord disparaître sous l’épaisse écume, j’ai entendu le crépitement de l’eau sous le choc.

tout un spectacle

J’ai regardé mes pieds. Je les ai vus perdre le sol pour n’avoir que l’océan pour plancher pendant que l’eau montait à bâbord, très doucement. Béate devant le spectacle, je me suis agrippée, j’observais mon bateau réagir. Toutefois, stable, il abdiquait sous l’énorme quantité d’eau qui montait. Pendant un instant, l’eau envahit toute la surface entre mes deux cabines, mon terrain de jeu. Mon petit habitacle, lui, la cabine arrière creusait sous une épaisse couche de mer. Nous calions littéralement.

Non, nous n’avons pas chaviré malgré les conditions qui l’auraient permis ce jour-là. Mon Hermel est par contre resté secoué même quelques jours après l’incident que rien n’avait prédit. Une sorte de clin d’œil à un invité qui prend trop ses aises, la mer m’a donné un avis. Elle m’a rappelé qu’ici, rien n’est immuable et que ses nouvelles petites manières à mon endroit ne sauront durer. Ici, sur les bancs, c’est encore l’océan.

Mylène Paquette

AUTRICE // Mylène Paquette

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